La main est l’organe clé de l’autonomie

Une finalité première de la main est la mise en relation avec les objets

Photo d'une main tenant un crayon de papier pour écrire

Les mains touchent, explorent, saisissent, manipulent, déplacent, maintiennent et lâchent les objets. Par les mains et avec nos mains, nous communiquons avec l’autre, nous réalisons les actes essentiels de la vie quotidienne comme se laver, s’habiller, s’alimenter, se déplacer…
Les mains nous offrent la possibilité de développer des habilités artistiques sportives ou professionnelles très pointues et elles sont façonnées aux activités que nous leur demandons de faire.
Les mains sont aussi le marqueur de notre identité individuelle, culturelle et sociale. Elles signent notre humanité dans le monde du vivant. Aussi, une atteinte fonctionnelle des mains a souvent une répercussion psychologique importante. Un travail de rééducation spécifique et de ré-autonomisation est souvent nécessaire  pour continuer d’agir et être acteur de sa vie.

L'ergothérapie dans la rééducation de la main

Dans le champ de la Médecine Physique et de Réadaptation, l’ergothérapie est certainement la discipline qui s’intéresse au plus près à la notion d’autonomie. 
La perte partielle ou totale de l’usage d’une main ou d’un bras est responsable d’une perte d’autonomie et d’une altération de la qualité de vie. L’ergothérapeute a pour objectif de trouver toutes les stratégies qui permettent de récupérer toujours jusqu’à la guérison, à chaque fois que cela est possible.
L’ergothérapeute inscrit chaque patient dans un processus d’individuation : il aide la personne à définir les activités (aussi appelées occupations) qui donnent sens à son quotidien et qui sont source de motivation et /ou de bien-être. Ces activités feront ensuite l’objet d’une attention particulière dans la rééducation avec la considération des sphères quotidienne, professionnelle et sociale  dans le soin apporté.
Le programme de rééducation, tout en suivant les grandes lois de l’entraînement sensorimoteur (ex : travail de la mobilité, de la force, de l’endurance, de la sensibilité), met l’accent sur la récupération des performances gestuelles comme par exemple la force, la coordination, la rapidité gestuelle, la dextérité, le tact fin, etc…

La pluridisciplinarité au bénéfice du soin

Pour traiter au mieux l’atteinte fonctionnelle de chaque patient, il est nécessaire d’inscrire notre pratique professionnelle dans la pluridisciplinarité et d’intégrer dans le soin, l’expertise des autres professionnels de santé à commencer par celle du médecin spécialiste et / ou généraliste. C’est en effet lui qui prescrit le soin en ergothérapie.
L’ergothérapie s’articule aussi avec les autres disciplines du champ de la Médecine Physique et de Réadaptation dont la kinésithérapie : ces deux disciplines se complètent et permettent de potentialiser les chances de récupération fonctionnelle via l’expertise technique de chaque praticien.

Le patient, acteur de son programme de soins

Notre pratique hospitalière a considérablement influencé notre approche de la rééducation. Le patient occupe une place centrale dans le soin. L’expertise du thérapeute est mise au service de ce dernier afin qu’il  acquière des connaissances et/ou des compétences dont il a besoin pour gérer au mieux sa vie avec une maladie chronique. Le programme de rééducation est ainsi co-construit avec le patient.

Les bienfaits de l'auto-rééducation

Nous croyons au bénéfices de l’auto-rééducation. La rééducation est pratiquée par le patient dans son environnement après avoir bénéficié des conseils du thérapeute au cours de séances en présentiel. Les exercices proposés par le thérapeute et acceptés par le patient sont simples et facilement reproductibles dans l’environnement de la personne.
Les intérêts de l’auto-rééducation sont multiples : cette dynamique de soins permet par exemple de prolonger dans le temps les bénéfices de l’entraînement réalisé avec le thérapeute et de pratiquer un exercice physique régulier, ce qui potentialise les possibilités de récupération fonctionnelle. Les modalités de l’entrainement moteur sont expliquées au patient (matériel nécessaire, installation, fréquence, durée). L’ergothérapeute s’assure du bon déroulement du programme à chaque séance et ajuste le contenu et/ou la difficulté des exercices en fonction des progrès accomplis et des retours que lui fait le patient. Des fiches exercices sont remises au patient pour l’aider à mettre en place son programme d’auto-rééducation.
Enfin, un programme axé sur l’auto-rééducation permet d’optimiser le coût des séances en réduisant leur nombre.

L'éducation gestuelle ou comment se réapproprier son corps

Un patient présentant une atteinte fonctionnelle grave, peut perdre confiance en ses capacités et peut même renoncer à maintenir un certain niveau de performance. Le mouvement est essentiel dans l’appropriation et l’appréciation de notre image corporelle. L’entraînement moteur permet – dans une certaine mesure – de maintenir son potentiel fonctionnel et de limiter l’aggravation de la maladie, ce que nous encourageons en qualité de rééducateur. Aussi, nous accordons beaucoup de place au concept d’éducation gestuelle au cours de nos séances. L’acquisition de notions simplifiées d’anatomie fonctionnelle et de biomécanique du mouvement, permet au patient de « RE-faire » connaissance avec son corps.  L’éducation permet aussi de mieux comprendre et donc d’adhérer aux objectifs de soins proposés par le thérapeute.
Ce dernier enseigne par exemple des notions sur les muscles et les articulations de la main et du membre supérieur en expliquant leurs rôles sur le mouvement et la préhension. Il en est de même pour d’autres notions telles que la force, la sensibilité, les synergies musculaires et leurs rôles sur les performances gestuelles. Le patient va essayer de comprendre au fil de l’enseignement comment les différents segments articulaires du membre supérieur (de l’épaule aux articulations distales des doigts) se coordonnent pour saisir, maintenir ou lâcher un objet.
Cet enseignement pédagogique a pour ambition de s’adapter à tous les profils de patients (du plus jeune au plus âgé par exemple). Les notions abordées sont accessibles à tous. Des outils tels que des modèles de squelette de la main aident à la  compréhension de ces notions d’anatomo-physiologie.

Quelques exemples de thématique des mains que nous pouvons proposer :
– Mieux gérer l’arthrose des mains au quotidien
– Éducation gestuelle dans la dystonie du musicien
– Éducation gestuelle dans la crampe de l’écrivain
– Usage intensif du téléphone portable et risque de trouble musculo-squelettique
– Usage intensif des mains et du membre supérieur dans le milieu professionnel / artistique /sportif
– Intérêt de maintenir une rééducation des mains dans une maladie chronique
– Prévenir, rééduquer et réadapter un trouble de la préhension

La réadaptation et la prise en compte des situations de handicap

Les personnes présentant une pathologie complexe, sévère et  évolutive, ont rarement accès à une rééducation adaptée. La réadaptation du geste a pour objectif par exemple de développer des compensations gestuelles plus efficientes pour développer une plus grande autonomie.
Il est aussi parfois nécessaire de proposer des compensations techniques ou de réfléchir à un aménagement du lieu de vie ou du poste de travail. Une attention particulière sera portée à l’évaluation et l’appropriation de cette aide. L’ergothérapeute peut proposer des mises en situations dites « écologiques » pour analyser les activités qui sont source de difficultés au quotidien.