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Naviguer dans le vocabulaire de la Rééducation Neurologique peut parfois ressembler à déchiffrer une partition complexe. Pour illustrer la subtile intrication entre la commande motrice perturbée, la spasticité et d’autres phénomènes post-AVC, imaginons un orchestre désaccordé où les signaux du chef sont brouillés et les instruments réagissent de manière inattendue. Face à cette complexité, l’ergothérapie joue un rôle essentiel en offrant une éducation gestuelle et un discours clair, permettant à chacun de mieux comprendre sa propre ‘symphonie corporelle’ et de participer activement à sa réharmonisation.
Chapitre 1
Présentation des Artistes
Le CERVEAU : le Chef d’Orchestre déréglé
Imaginez le Cerveau comme un chef d’orchestre brillant, capable d’exécuter des symphonies de mouvements fluides et précis. Après un AVC, c’est comme si ce chef d’orchestre avait subi une lésion. Ses consignes, autrefois claires et harmonieuses, deviennent déréglées (trouble de la commande motrice). Il peut oublier certaines partitions, donner des indications confuses, ou même envoyer des signaux contradictoires aux musiciens (vos muscles).

La SPASTICITÉ : Jouer avec des instruments récalcitrants
Parmi les musiciens, certains instruments (vos muscles atteints par la spasticité) sont devenus récalcitrants et hypersensibles (spasticité). Au lieu de répondre docilement aux instructions, ils se raidissent involontairement, produisant des sons discordants et incontrôlables, même lorsqu’on ne leur demande rien. C’est comme si un violon se mettait à vibrer de manière excessive et involontaire, perturbant l’harmonie de l’ensemble.
Les SYNCINÉSIES : Des Musiciens zélés Non Sollicités
Dans notre orchestre post-AVC, imaginons que le chef (le cerveau), en voulant demander aux violons (les muscles fléchisseurs du coude) de jouer un doux legato (fléchir le coude), provoque involontairement l’entrée en jeu des trompettes (les muscles extenseurs du poignet) qui se mettent à sonner de manière inattendue et non coordonnée. Ces mouvements parasites non sollicités, ces fausses notes qui apparaissent alors qu’on ne les a pas demandées, ce sont les syncinésies. C’est comme si, en voulant faire bouger un seul instrument, d’autres instruments se mettaient à jouer en même temps, sans que le chef ne leur ait donné de consigne. Par exemple :
- La syncinésie d’épaule-main : Lorsque le chef demande aux violons de s’activer (essayer de fléchir le coude), les cymbales (les muscles de la main) se mettent à claquer involontairement (fermeture involontaire du poing).
- La syncinésie d’épaule-coude : En demandant aux altos (les muscles abducteurs de l’épaule) de jouer, les trombones (les muscles fléchisseurs du coude) se mettent aussi à glisser involontairement.
Ces syncinésies rendent l’exécution de la symphonie (le mouvement volontaire) encore plus complexe et maladroite. Le chef a beau essayer de donner des instructions précises à un seul groupe d’instruments, d’autres se joignent à la représentation de manière incontrôlable, perturbant la fluidité et la précision du mouvement souhaité.

Les CO-CONTRACTIONS SPASTIQUES : Des rivalités inopportunes
Pire encore, certains groupes d’instruments qui devraient travailler en coordination (les muscles agonistes et antagonistes) se retrouvent en concurrence involontaire (co-contractions spastiques). Par exemple, pendant que le chef essaie de demander aux violons de s’étendre (tendre le bras), les contrebasses (les muscles antagonistes) se contractent en même temps, créant une lutte interne et rendant le mouvement hésitant, lent et coûteux en énergie. C’est comme si le chef demandait aux violons de jouer une mélodie douce, mais que les contrebasses s’obstinaient à jouer une contre-mélodie forte et dissonante simultanément.
Les MOUVEMENTS ANORMAUX : Des fausses notes et des gestes brusques ou imprécis
Les mouvements anormaux (clonus, tremblements…) qui apparaissent sont comme des fausses notes inattendues ou des gestes imprécis et non sollicités de la part de certains musiciens. Ils ne font pas partie de la symphonie voulue et peuvent même la rendre grotesque. Par exemple, au lieu d’une élévation fluide du bras, on observe une élévation saccadée ou un avant-bras qui tremble occasionnant des fausses notes qui parasitent l’intention du chef.
Les RÉCEPTEURS PROPRIOCEPTIFS déréglés : Des oreilles qui entendent mal
Les récepteurs proprioceptifs (les oreilles des musiciens qui leur disent où ils sont dans l’espace et comment ils bougent) sont également touchés. Ils envoient des informations erronées au chef d’orchestre sur la position et le mouvement des instruments. C’est comme si les musiciens donnaient de mauvais retours au chef, sur l’état réel de l’orchestre et l’empêchant d’ajuster ses consignes correctement.
Les autres RÉCEPTEURS SENSITIFS : Des sens exacerbés ou émoussés
Enfin, les autres récepteurs sensitifs (le ressenti des musiciens) peuvent être exacerbés (une simple caresse devient une douleur) ou émoussés (difficulté à sentir la matière de son instrument, de reconnaitre sa température, de percevoir son volume…). Cela perturbe la communication globale au sein de l’orchestre, rendant difficile pour le chef de savoir comment ajuster la performance pour un résultat harmonieux et efficace.
En résumé :
La tentative de réaliser un mouvement volontaire après un AVC, c’est comme demander à cet orchestre désorganisé de jouer une mélodie simple.
Le chef (le cerveau) a des difficultés à donner des instructions claires, certains instruments (les muscles spastiques) sont rigides et incontrôlables, d’autres se combattent (co-contractions), des fausses notes (mouvements anormaux) surgissent, et les musiciens ont du mal à percevoir leur propre position et les sensations (capteurs proprioceptifs et autres récepteurs sensitifs déréglés), rendant l’exécution du mouvement volontaire laborieuse, imprécise et souvent différente de l’intention initiale.
Cette métaphore étendue permet de visualiser l’interaction complexe de ces différents éléments et pourquoi la simple notion de « manque de force » est réductrice pour décrire les difficultés rencontrées par les patients post-AVC.
Elle met en lumière le désordre global du système moteur et sensitif.
Chapitre 2
Quelle belle pagaille ! Que ressentent les musiciens?
L’Orchestre Douloureux : Des instruments meurtris
Parfois, dans cet orchestre post-AVC, certains instruments (vos muscles et articulations affectés) deviennent douloureux. La tension constante due à la spasticité, les mouvements compensatoires maladroits, ou même les tentatives de forcer un mouvement peuvent engendrer des douleurs chroniques. C’est comme si certains instruments étaient mal accordés, joués avec trop de force, ou avaient subi des dommages, rendant chaque note, chaque mouvement, source d’inconfort.
L’Orchestre Fatigué : Un épuisement général
L’ensemble de l’orchestre peut également ressentir une fatigue intense. Lutter constamment contre la spasticité, essayer de compenser les mouvements difficiles, et se concentrer intensément pour exécuter des tâches simples demande une énergie considérable au chef (le cerveau) et aux musiciens (le corps). C’est comme si l’orchestre devait jouer une symphonie complexe en continu, sans pauses suffisantes, menant à un épuisement généralisé et à une diminution de la qualité de l’exécution.
L’Orchestre Démotivé : Une perte d’enthousiasme
Face à ces difficultés et à la lenteur des progrès, l’orchestre peut se démotiver. Les musiciens (le patient) peuvent se sentir frustrés par leur incapacité à jouer la musique qu’ils souhaitent, découragés par la douleur et la fatigue, et perdre l’envie de continuer à s’entraîner. C’est comme si les musiciens, malgré leurs efforts, n’entendaient pas la belle mélodie qu’ils espéraient, et commençaient à perdre leur passion et leur motivation à jouer.
L’Orchestre en perte de confiance : Des Musiciens doutant de leurs capacités
Avec les échecs répétés et la difficulté à retrouver la fluidité des mouvements passés, l’orchestre peut perdre confiance en ses capacités. Les musiciens (le patient) peuvent douter de pouvoir un jour rejouer correctement, hésiter à essayer de nouveaux morceaux (de nouvelles activités), et développer une appréhension face au mouvement. C’est comme si les musiciens, après avoir enchaîné les fausses notes, commençaient à douter de leur propre talent et à avoir peur de se produire à nouveau.
Chapitre 3
L’Ergothérapeute : Réorchestrer le Geste, Rejouer la Performance.
Face à un orchestre corporel dont le chef (le cerveau) a temporairement perdu sa direction harmonieuse, l’ergothérapeute intervient tel un répétiteur expert et attentif. Son rôle n’est pas de remplacer le chef, mais de guider chaque musicien (chaque partie du corps) à retrouver le rythme, la justesse et la coordination nécessaires à une nouvelle interprétation de la performance. Avec une compréhension fine des instruments préservés et des défis rencontrés, il aide à réaccorder la symphonie gestuelle, permettant à chacun de retrouver la pleine mesure de son expression fonctionnelle
Tel un accordeur méticuleux,
Il évalue chaque instrument (segment corporel) pour comprendre les limitations imposées par la spasticité, identifiant les résistances et les blocages qui entravent l’exécution fluide des mouvements.
Comme un chef de pupitre patient,
Il observe attentivement les musiciens (les muscles) pour déceler les syncinésies, ces mouvements involontaires qui s’immiscent lors de la tentative de jouer une mélodie volontaire. Il cherche à comprendre les liens et les déclencheurs de ces fausses notes pour aider à les inhiber progressivement.
Tel un pédagogue rigoureux,
Il travaille à rééduquer le chef d’orchestre (le cerveau) dans sa capacité à envoyer des signaux clairs et précis aux musiciens. Par des exercices spécifiques et progressifs, il facilite le réapprentissage de la commande motrice, aidant le patient à isoler les mouvements souhaités et à retrouver un meilleur contrôle volontaire.
Tel un conseiller avisé,
Il prodigue des conseils pratiques pour adapter l’environnement et les gestes du quotidien, permettant au patient de contourner les difficultés et de préserver son autonomie. Il propose des partitions adaptées’ (des techniques alternatives) pour réaliser les activités malgré les limitations.
Comme un ingénieur inventif,
Il suggère et met en place des instruments modifiés (des aides techniques et des orthèses) pour compenser les déficits et faciliter l’exécution des tâches. Ces adaptations permettent de retrouver une certaine harmonie dans la performance, même lorsque certains musiciens ne peuvent plus jouer comme avant.
En somme, l’ergothérapeute est le pilote de la récupération gestuelle, guidant le patient à travers un processus d’apprentissage et de réadaptation. Il utilise une approche holistique, considérant à la fois les aspects moteurs, sensoriels, cognitifs et émotionnels, pour aider l’orchestre corporel à retrouver une nouvelle forme d’expression fonctionnelle et à rejouer la symphonie de la vie quotidienne avec le plus d’autonomie et de satisfaction possible.

Chapitre 4
Réaccorder le Corps, Rejouer le Concert de l’Autonomie
Après l’écho discordant de l’AVC, l’objectif de la rééducation est de permettre à l’orchestre corporel de retrouver son harmonie. Chaque geste réappris, chaque mouvement fluidifié est une note qui se rajoute à la partition de l’autonomie. Le but ultime est de remonter sur la scène de la vie quotidienne et de rejouer son propre concert avec confiance et indépendance. Avec un discours engageant et rassurant :
En s’adressant cette fois au « Chef d’Orchestre » (le patient) :
- Ce concert de fin d’année est l’occasion de montrer tout le chemin parcouru par votre orchestre. Même si la symphonie n’est pas encore parfaite, chaque note que vous jouerez sera une victoire et témoignera de votre persévérance.
- Voyez ce concert comme une étape, une chance de célébrer vos progrès, aussi petits soient-ils. Chaque participation est une réussite en soi.
- Votre orchestre a travaillé dur tout au long de l’année. Ce concert est le moment de partager votre musique avec le monde, à votre manière, avec votre propre interprétation.
- N’ayez pas peur des fausses notes ou des moments d’hésitation. Chaque musicien, même le plus grand, en fait. L’important est l’intention et le plaisir de jouer ensemble.
- Ce concert n’est pas une compétition, mais une célébration de votre résilience et de votre engagement. Votre présence est la plus belle des réussites.
En s’adressant cette fois à « l’Orchestre » (le corps du patient) :
- Votre orchestre a appris de nouvelles mélodies et a réaccordé de nombreux instruments. Ce concert est l’occasion de les faire entendre.
- Même si certains instruments sont encore un peu ‘raides’ ou fatigués, ensemble, vous pouvez créer une musique unique et touchante.
- Chaque mouvement, chaque geste que vous ferez lors de ce concert sera une preuve de la force et de la capacité d’adaptation de votre orchestre.
- N’oubliez pas le chemin parcouru depuis le début. Ce concert est une démonstration de votre courage et de votre détermination.
- « Votre orchestre n’a peut-être pas la même sonorité qu’avant, mais il a une histoire à raconter, une histoire de persévérance et d’espoir.
En insistant sur le sens de la participation :
- Participer à ce concert est une façon de vous reconnecter avec des activités qui vous tiennent à cœur, même si elles sont adaptées.
- Ce sera un moment de partage et de convivialité avec d’autres orchestres qui comprennent vos défis.
- C’est une opportunité de vous fixer un objectif stimulant et de vous donner une motivation supplémentaire pour continuer votre répétition quotidienne.
- Même une petite contribution à ce concert est précieuse et significative.
- L’important n’est pas la perfection de l’exécution, mais la joie de participer et de se sentir à nouveau acteur.
En adaptant le « concert » à leurs capacités :
- « Nous allons adapter le ‘répertoire’ à ce que votre ‘orchestre’ est capable de jouer aujourd’hui. L’important est de participer à votre niveau. »
- « Il n’y a pas de pression de performance. L’objectif est de se faire plaisir et de célébrer ensemble. »
- « Nous serons là pour vous accompagner et vous soutenir pendant toute la ‘représentation’.
Chapitre 5
Épilogue : La Persévérance comme Partition,
L’Ergothérapeute, Artisan du Renouveau Gestuel
Ce soir, la douce mélodie qui s’élève est le fruit d’une patiente rééducation. Merci à l’ergothérapeute spécialisé en neurologie, dont l’accompagnement bienveillant et les conseils avisés ont permis à cet orchestre de retrouver un nouvel équilibre. Ensemble, pas à pas, nous avons réappris à jouer nos propres notes d’autonomie, et ce concert en est la plus belle des récompenses.

Fin
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